L’accrochage s’articule autour de deux grands triptyques: Trois corps pour une crucifixion (250 x 360 cm) et Étude pour trois corps crucifiés (250 x 280 cm).
Ce sont essentiellement ces corps-là qu’évoque cette exposition. Témoignage de la brutalité humaine qui nous accompagne depuis toujours. Mais, paradoxalement, ces corps outrés ont en eux-mêmes une beauté plastique qui laisse sans voix. Sans voix pour hurler le scandale de la violence. Sans voix pour dire ce qui fascine dans ces grands nus. Ici, au Hangart, les triptyques sont accompagnés par ce que Carlin nomme des « études ». Toiles aux formats déjà imposants où les corps sont traités dans la masse de la peinture, pris dans des blocs de matière, voilés souvent par de larges bandes de couleur, ou encore rayés, griffés sauvagement. Détail troublant, dans la totalité de ces études on ne voit aucun visage. Devant une telle présence des corps, les visages s’effacent.
Dans ce travail actuel, Carlin avec toujours le même sens heureux du cadrage, allège ses toiles. Aux noirs épais de goudron, au brou de noix, il substitue des ocres plus légers, des blancs aériens et, comme chez Poussin, de-ci de-là des bleus céruléens et des verts légers apparaissent pour surligner un trait, accompagner une courbe, un mouvement. Moins de matière aussi. Mais toujours la même passion, la même rage de peindre.
Daniel Bizien ( extrait du catalogue)